Différences entre proche aidant et aidant familial : comprendre pour mieux accompagner

Le paysage de l’aide : pourquoi parle-t-on de “proche aidant” et d’“aidant familial” ?

Il existe aujourd'hui près de 11 millions d'aidants en France, accompagnant au quotidien une personne dépendante, handicapée, malade ou âgée (Ministère des Solidarités et de la Santé). Mais derrière le mot “aidant”, plusieurs réalités se cachent et il n’est pas rare de se perdre parmi les définitions. On parle de “proche aidant”, d’“aidant familial”, voire d’“aidant naturel”… Pourtant, chaque terme a un sens bien précis, en particulier dans les démarches administratives et l’accès à des droits spécifiques.

Pourquoi cette précision est-elle importante ? Car bien cerner son propre statut ou celui de la personne qu’on accompagne, c’est mieux comprendre les possibilités d’aide, les droits d’accès et les dispositifs disponibles. Certains textos de loi font la différence, d’autres non, et selon les contextes (sécurité sociale, droits, congés…), la nuance peut être essentielle.

Définition du proche aidant : un terme qui englobe la diversité de l’engagement

Le “proche aidant” désigne toute personne venant en aide, de manière régulière, à un proche en perte d’autonomie totale ou partielle, quel que soit son âge, en dehors d’une activité professionnelle rémunérée. Il peut s’agir d’un membre de la famille, mais aussi d’un ami, d’un voisin ou de toute personne de confiance. La notion de proximité n’est pas forcément liée à un lien de parenté, mais à l’existence d’un engagement concret dans l’accompagnement quotidien.

  • Loi du 28 décembre 2015 : Cette loi a introduit la notion officielle de “proche aidant” et l'a reconnue dans le Code de l'action sociale et des familles. Cela rend plus visible l’implication des personnes en dehors du cercle familial strict.
  • Activités concernées : L’aide peut porter sur les gestes de la vie courante (courses, préparation des repas, hygiène, démarches administratives, loisirs…)
  • Pas de lien familial requis : L’entraide entre amis ou au sein du voisinage est donc concernée.

Il s'agit d'une définition volontairement large, adaptée à la réalité actuelle de l'entraide en France.

Définition de l’aidant familial : un cadre plus restreint… mais parfois plus protecteur

L’“aidant familial”, quant à lui, désigne spécifiquement une personne membre de la famille du proche aidé, qui intervient de façon régulière et principale. Cette notion est souvent mobilisée dans les démarches administratives pour ouvrir droit à des prestations ou à des dispositifs particuliers, comme le congé de proche aidant ou la Prestation de Compensation du Handicap (PCH).

  • Lien de parenté indispensable : il s’agit le plus souvent d’un parent, enfant, petit-enfant, frère ou sœur, parfois plus largement de la belle-famille.
  • Reconnaissance dans la loi : certains dispositifs (allocation journalière de proche aidant – AJPA, PCH, etc.) font référence spécifiquement à l’“aidant familial”.
  • Réglementation spécifique : la rémunération dans le cadre de l’aide apportée (ex. emploi direct d’un aidant familial via la PCH) peut différer selon le degré de parenté.

Ce cadre vise à sécuriser le statut de la personne aidante au sein de la famille, mais il peut être ressenti par certains comme réducteur, puisqu’il exclut par exemple les amis ou voisins très impliqués.

Point vocabulaire : aidant naturel, proche aidant… aidant tout court ?

Le terme “aidant naturel”, encore parfois entendu dans la sphère médicale, n’a pas de définition légale claire en France (contrairement au Québec par exemple). Néanmoins, il s’utilise souvent pour désigner la personne qui prend naturellement la place d’accompagnant principal auprès d’un proche, plus par attachement personnel que par obligation formelle. Aujourd’hui, la préférence va vers “proche aidant”, qui est inclusif et valorise tout type d’implication.

Le mot “aidant” tout court est employé au quotidien dans les médias, dans la société et dans le champ associatif comme santé publique. Il a l’intérêt d’être accessible à tous, mais attention : dans un dossier administratif, la précision du terme peut compter !

Pourquoi ces nuances sont-elles importantes ? Implications concrètes dans la vie quotidienne

  • Droits sociaux et dispositifs d’aide : Par exemple, l’accès au congé de proche aidant ou à certains financements dépend souvent du statut (aidant familial seulement ou élargi aux proches aidants).
  • Reconnaissance de l’engagement auprès des institutions : L’attribution de l’AAH, de l’APA, de la PCH, ou encore la reconnaissance du droit au répit varie selon la manière dont l’aide est déclarée ou identifiée.
  • Formation, accompagnement, écoute : Certaines structures professionnelles organisent des ateliers réservés aux « aidants familiaux », d’autres sont ouvertes à tout proche aidant.
  • Dimension financière : En emploi direct ou via les CESU, il est parfois possible d’être rémunéré en tant qu’aidant familial pour accompagner un proche (notamment dans le cadre de la PCH vieillesse ou handicap).

À noter que selon une étude de la Fondation April (2021), 47% des aidants ignorent encore les dispositifs d’aides financières ou n’en font pas la demande car ils ne savent pas s’ils entrent dans les critères – preuve que le flou sémantique a un impact concret.

Qui peut être reconnu : conditions d’éligibilité selon les situations

  • Pour obtenir le statut de proche aidant : Pas de condition de parenté mais un investissement réel auprès de la personne accompagnée. Ce statut est reconnu dans le parcours de soins (par exemple, l’indication du “proche aidant référent” dans le dossier médical ou auprès du médecin traitant).
  • Pour l’aidant familial : Il faut souvent démontrer un lien de famille et une présence régulière (nombre d’heures d’aide, habitation au même domicile ou non…). Le formulaire administratif précise souvent ces attendus, notamment lors de l’étude des droits par la MDPH ou la CAF.

Précision importante : tout aidant peut demander une attestation d’aidant à la caisse d’assurance maladie ou à la MDPH pour officialiser son statut (utile pour justifier une absence, demander le congé dédié ou ouvrir droit à certains services).

Focus : quels droits selon le terme employé ?

Le paysage réglementaire évolue et certains dispositifs tendent à harmoniser la reconnaissance des aidants, d’autres restent centrés sur le cadre familial. Voici quelques éléments-clés pour s’y retrouver :

Dispositif Proche aidant Aidant familial
Congé de proche aidant Oui, si vous justifiez d’un lien stable et étroit avec la personne aidée (y compris amis/voisins). Oui, automatiquement si lien familial direct.
Prestation de compensation du handicap (PCH, emploi direct) Non, sauf cas exceptionnels. Oui, uniquement si membre de la famille hors conjoint (conditions spécifiques).
Allocation journalière proche aidant (AJPA) Oui, dans les deux cas (au sens large du terme “proche aidant”). Oui.
Formation & accompagnement des aidants Variable selon la structure, souvent accessible aux deux statuts. Oui.

(Source : Service-Public.fr)

Anecdotes concrètes et chiffres-clefs

Un rapport de la DRESS (2023) montre que 60% des personnes aidantes le sont… sans même connaître le terme ! Cette méconnaissance participe à l’épuisement ou au non-recours aux aides. Autre point saillant : 82% des aidants familiaux sont des femmes et la moyenne d’âge des proches aidants est autour de 52 ans (DRESS, 2023).

  • 35% des proches aidants ne résident pas sous le même toit que la personne aidée.
  • 20% cumulent vie professionnelle, vie familiale et rôle d’aidant ("Les aidants en France”, Fondation April, 2021).
  • Le nombre d’aidants “hors famille” (amis, voisins, etc.) progresse chaque année de 2%, selon la Mutualité Française.

Ces réalités façonnent l’évolution du cadre légal et la nécessaire reconnaissance de tous les aidants, pas seulement les aidants familiaux historiques.

Le vécu : quel impact pour l’aidant, qu’il soit proche ou familial ?

Quelle que soit la terminologie, les enjeux émotionnels, physiques et organisationnels sont les mêmes : charge mentale, fatigue, sentiment d’isolement parfois, mais aussi gratification et sentiment d’utilité. Être considéré comme “aidant” – quel que soit le qualificatif – ouvre la porte à un accompagnement, à une reconnaissance, à la possibilité de souffler.

Pour celles et ceux qui accompagnent un ami, un voisin ou un ex-compagnon, il est souvent frustrant de ne pas être admis dans certains dispositifs réservés à la famille – d’où l’appel régulier des associations pour une uniformisation accrue des droits (France Assos Santé).

D’un point de vue pratique, nommer son rôle d’aidant, demander une attestation, et (si nécessaire) échanger avec les professionnels permet de bénéficier d’aides ponctuelles, de participer à des temps de formation ou de partager son expérience avec d’autres aidants – car la solitude reste le premier facteur de détresse recensé par les études (CESE, 2018).

À retenir : clarification utile pour avancer

Distinguer les termes “proche aidant” et “aidant familial” est loin d’être anecdotique. Il s’agit d’un pas important pour accéder à ses droits, être mieux soutenu et sortir de l’ombre. Si l’État avance petit à petit vers plus de reconnaissance des différents profils d’aidants, il reste des différences d’accès aux aides. Être informé, c’est la première étape pour préserver sa santé, demander (enfin) du soutien, ou revendiquer plus de place dans le parcours des personnes que l’on accompagne.

  • Pour faire le point sur vos droits, orientez-vous vers un Point d’Information Local (CCAS, MDPH, associations d’aidants) ou consultez le site Service-Public.fr.
  • La plateforme MaPlace propose également un test interactif pour mieux s’y retrouver entre les dispositifs existants.

Quelle que soit votre situation, gardez en tête que votre engagement est précieux et mérite d’être reconnu. Ne restez pas seul·e, tendez la main vers les réseaux de soutien – ils sont là pour tous les aidants, quels que soient leur étiquette ou leur parcours.

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