Obtenir la reconnaissance de son statut d’aidant : le guide pratique pour 2024

Comprendre le statut d’aidant : définition et enjeux

Le terme « aidant » désigne toute personne, le plus souvent non professionnelle, qui vient en aide à un proche atteint d’une maladie, d’un handicap ou en perte d’autonomie. Il s’agit d’un rôle parfois exercé au quotidien, parfois à distance, de façon ponctuelle ou régulière. Cette aide peut prendre de nombreuses formes :

  • soutien moral ou compagnie
  • gestion administrative et démarches
  • aide à la toilette, aux courses, à la préparation des repas
  • soutien scolaire, pour les parents d’enfants en situation de handicap
  • veille médicale et coordination des soins

Reconnaitre officiellement ce statut n’est pas qu’une simple formalité. C’est une porte d'entrée pour :

  • Accéder à des droits spécifiques (congés, aides financières…)
  • Bénéficier d’un accompagnement et d’un répit
  • Être mieux pris en considération dans le parcours de soins du proche aidé
  • Soutenir l’équilibre vie personnelle/professionnelle

En 2022, selon l’Observatoire BVA/OCIRP, 63% des aidants ignoraient avoir le droit à des dispositifs de soutien grâce à cette reconnaissance officielle ! D’où l’importance d’oser faire la démarche.

Quels sont les critères pour être reconnu aidant ?

La loi ne propose pas une unique définition de l’aidant. Il existe plusieurs statuts, qui répondent à différents critères. Les deux grandes catégories :

  1. Aidant familial : Le plus répandu. Il s’agit d’un membre de la famille (conjoint, parent, enfant, frère/sœur, parfois petit-enfant) qui vient en aide de manière régulière et fréquente, gratuitement et à domicile à un proche dépendant (source : service-public.fr).
  2. Proche aidant : Cette notion élargie inclut amis, voisins, dans la mesure où l'aide est régulière et n’est pas rémunérée.

D’autres situations spécifiques existent :

  • Les parents d’enfants en situation de handicap
  • Les aidants de personnes atteintes de maladies chroniques (Alzheimer, sclérose en plaques…)
  • Les tuteurs légaux

Critères de base généralement retenus :

  • Aide régulière et fréquente (souvent plusieurs heures par semaine)
  • Absence de rémunération pour cette aide
  • Un minimum de lien (familial ou affectif) avec la personne aidée

Première étape : faire reconnaître sa qualité d’aidant auprès des organismes

La démarche commence par l’obtention d’une attestation officielle, prouvant que vous aidez au quotidien un proche en perte d’autonomie. Plusieurs dispositifs existent :

L’attestation de l’aidant familial du conseil départemental

Déposer une demande auprès du conseil départemental (dans le cadre notamment de l’APA - Allocation Personnalisée d’Autonomie). Vous pouvez solliciter l’équipe médico-sociale chargée d’instruire le dossier de votre proche : elle peut formellement reconnaître votre rôle d’aidant dans le « plan d’aide » mis en place. Cette attestation est aussi essentielle pour accéder à certains congés droits et à la formation pour les aidants.

La Carte d’Identité d’Aidant / Carte de l’aidant

Certains départements et associations proposent la délivrance d’une carte (non obligatoire, mais utile au quotidien), qui mentionne nom, lien avec la personne aidée, et parfois les coordonnées utiles en cas d’urgence. Exemple : la Ville de Paris (source).

Déclaration à la CAF pour les droits sociaux

Pour accéder à certains droits comme l’AJPA (Allocation Journalière du Proche Aidant) ou le Complément de libre choix du Mode de garde pour enfant en situation de handicap, il est important d’informer la CAF de votre situation.

Conseil pratique : Pensez systématiquement à demander une attestation écrite de votre qualité d’aidant, que ce soit auprès du médecin traitant de votre proche, de la MDPH ou d’un service social. La trace écrite fait foi pour vos démarches et vos éventuelles demandes de répit ou d’allocations.

L’obtention du statut d’aidant salarié ou agent public : les démarches spécifiques

Certains dispositifs formels existent pour articuler rôle d’aidant et vie professionnelle :

  • Le congé proche aidant : Depuis la réforme de 2020, tous les salariés du privé et agents publics peuvent en bénéficier, sous conditions. Il permet de s’absenter jusqu’à 3 mois (renouvelable sous conditions), tout en bénéficiant d’une allocation journalière (AJPA, 62,44 €/jour en 2024 selon la CAF, source).
  • Le don de jours de repos : Un collègue peut donner anonymement des jours de repos à un aidant au sein de l’entreprise publique ou privée.

Démarches à suivre :

  1. Informer son employeur par courrier motivé, accompagné de l’attestation d’aidant (généralement délivrée par le conseil départemental ou la MDPH)
  2. Joindre le justificatif de la situation du proche (certificat médical détaillant la situation de perte d’autonomie ou de handicap)

Reconnaître un aidant dans le parcours de santé : le rôle du médecin

Depuis la Loi d’Adaptation de la Société au Vieillissement (2015), la notion d’aidant est intégrée dans les dispositifs sanitaires.

  • Le médecin traitant est habilité à signaler dans le dossier médical du patient l’identité de l’aidant principal
  • En hospitalisation ou lors de l’examen d’un dossier à la MDPH, indiquer votre présence en tant qu’aidant permet de faciliter l’échange et d’avoir accès à l’information

À noter : la reconnaissance médicale du statut d’aidant n’est pas automatique. N’hésitez pas à évoquer explicitement votre rôle auprès des professionnels de santé pour qu’il soit identifié dans les échanges.

Reconnaissances et droits ouverts : ce à quoi vous pouvez prétendre

Outre la satisfaction humaine, la reconnaissance administrative de votre rôle vous donne accès à différents droits et dispositifs, souvent encore peu connus :

  • L’AJPA (Allocation journalière du proche aidant) : jusqu’à 66 jours indemnisés par aidé, cumulables si vous aidez plusieurs proches.
  • La formation des aidants : formations gratuites (en présentiel ou à distance) financées dans le cadre de l’APA, par certains CCAS ou associations (France Alzheimer, l’AFM-Téléthon…).
  • L’accès au répit : prise en charge financière pour des solutions de relais temporaire (accueil de jour, hébergement temporaire, relais à domicile).
  • L’aide aux démarches administratives : orientation via les points d’information locaux (CIAS, CCAS, Maisons des Aidants, Plateformes d’accompagnement et de répit).

Bon à savoir : Le taux de recours reste faible : seulement 14,7% des aidants ont bénéficié d’un dispositif d’aide ou de soutien financier en 2023 (Drees).

Statuts et situations particulières

Être parent d’un enfant en situation de handicap

La reconnaissance « proche aidant » est un précieux sésame pour accéder à des droits sur-mesure : complément de l’AEEH (Allocation d’Education de l’Enfant Handicapé), durée de congés exceptionnel, majoration de la durée d’assurance retraite… Faire inscrire le nom du parent aidant dans le dossier d’allocation à la MDPH (Maison Départementale des Personnes Handicapées) est incontournable.

Accueillir chez soi un adulte dépendant

Dans ce cas, il est nécessaire de se signaler au CCAS ou au service d’action sociale de la commune afin d’obtenir un accompagnement personnalisé, voire une visite d’évaluation à domicile.

Soutenir un parent âgé

Le conseil départemental (via l’APA) demeure la porte d’entrée principale pour la reconnaissance officielle et l’accès aux services dédiés (accueil temporaire, groupes de parole, aide à domicile…).

Quelques pièges à éviter et ressources à solliciter

  • Ne négligez pas l’aspect administratif : gardez trace de tous vos échanges, demandes et courriers.
  • Pensez à renouveler les attestations si la situation du proche évolue (plus lourdement touché, hospitalisation, etc.).
  • En cas de doute, rapprochez-vous d’un Point Relais Aidants (présent dans chaque département).
  • Les associations (France Alzheimer, Unaf, APF France Handicap…) disposent d’antennes pour vous guider dans la complétion des demandes.
  • Le dernier baromètre IPSOS/OCIRP note que 38% des aidants regrettent de ne pas avoir trouvé d’interlocuteur clairement identifié au moment de débuter leur démarche.

Garder en tête l’essentiel et rester acteur de sa démarche

S’engager comme aidant n’est pas une démarche anodine, encore moins une simple étiquette administrative à décrocher. C’est un parcours qui mérite d’être reconnu, respecté, soutenu. La reconnaissance du statut, qu’elle soit formelle ou morale, facilite l’accès à des droits concrets mais elle permet aussi de sortir de l’isolement, de se sentir légitime à demander de l’aide. Ne vous interdisez pas d’avancer pas à pas : chaque démarche compte, et chaque progrès vers la reconnaissance est une victoire pour vous… mais aussi pour la personne que vous soutenez.

N’hésitez pas à solliciter l’avis d’un professionnel médico-social pour affiner votre parcours, et rappelez-vous : de nouvelles avancées législatives sont attendues d’ici fin 2024 pour renforcer encore le statut et les droits des aidants.

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